Mayra Andrade : un coeur enraciné, une âme voyageuse

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Les rythmes chaloupés attendent que la voix suave de Mayra Andrade leur susurre de douces paroles, en créole, portugais, français ou anglais. L’enfant prodige de l’île de Santiago ensoleille les cœurs de ses mélodies d’ailleurs. Loin des paillettes et des fastes de la célébrité, Mayra évolue en toute sérénité : à 29 ans, elle a déjà quinze ans de scène et quatre albums à son actif. Rencontre avec cette poétesse nomade qui considère la musique comme « un être cher ».

Sa rencontre avec la musique 

Née à Cuba, Mayra grandit à Praia, sur l’île de Santiago au Cap-Vert. Petite fille extravertie dans ce pays métissé, elle assure le spectacle devant sa famille s’adonnant à sa passion qui deviendra plus tard, son métier.

«J’avais 3 ans quand j’ai vu un blond pour la première fois… sur une pochette de vinyle de mes parents, j’en suis tombée amoureuse ! C’était Richard Clayderman, je pleurais sur la ballade ‘Pour Elise’».  A 6 ans, elle quitte le Cap- Vert et s’envole avec son beau-père diplomate et sa mère vers le Sénégal, l’Angola et l’Allemagne. A 14 ans, elle revient au pays. Elle remporte en 2001 la médaille d’or des jeux de la francophonie à Ottawa, passe son bac et pose ses bagages à Paris «Mon enfance m’a préparée à ma vie.»

Ses mentors 
Sûre de sa destinée, Mayra a 12 ans lorsqu’elle rencontre Césaria Evora et lui dit «Je suis chanteuse».  La Diva aux pieds nus lui donne alors un conseil : « Alors n’oublie jamais que c’est le public qui décide s’il te met en haut, ou s’il te laisse tomber». Devenues amies, Mayra se dit à jamais reconnaissante à Césaria d’avoir mis en lumière le Cap-Vert. C’est ainsi qu’elle se nourrit de chaque rencontre, comme celle avec le compositeur Orlando Pantera. Elle lui confie ne pas savoir quoi faire de sa musique, mais vouloir faire différent. Il lui répond «Eh bien, Nha Kretxeu, (ma chérie en créole), ne cherche plus, tu as trouvé: fais quelque chose de différent ! »

Pari gagné, sa musique est un merveilleux équilibre entre tradition et modernité : elle capte l’essence capverdienne avec des rythmes comme la Morna, la Coladeira, le Funana, le Batuque et la distille d’influences jazz, pop européenne, musique brésilienne… Mayra reprendra quatre des titres d’Orlando sur son premier album Navega (2006),  un hommage à son ami parti trop tôt.

S’en suivent Stòria Stòria (2009), Studio 105 (2010) et Lovely Difficult (2013). Ce dernier à l’exotisme plus dilué est le reflet de ses années passées à Paris. Emue par ces artistes qui ont tant fait pour son « petit pays », comme Bana, voix du Cap-Vert des années 70, c’est aujourd’hui la petite fille de Praia, bercée par le soleil et élevée par la scène, qui invite le monde à se laisser caresser par la douceur de ses îles. Avant chaque passage sur scène, elle rallume la flamme sacrée qui l’anime depuis l’enfance. Chacune de ses chansons est un instant d’évasion, un voyage aux pays des tonalités.

Emilie Fischer

www.mayra-andrade.com

Photo : DR

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